Articles

Affichage des articles du juillet, 2011

Le temps dure longtemps

Le temps descend de ses hauteurs et se transforme en une forme arrondie et chaude. Il dézipe les minutes qui s'étoilent et s'étalent comme aux quatre vents éparpillées par le hasard. Et les voilà désunies et inégales. Je les ramasse par poignées et les jette au ciel où elles scintillent précieuses et mortes. Les moites minutes des envies rangent leurs secondes asoiffées dans les plis bas que fait le ciel à l'horizon plat de tant de gris. L'haleine sèche fait rebondir en grinçant les chairs molles et sans dimensions. Le temps déshabillé de ses unités dure longtemps.

A même la toile de la vie

J'entends la nuit rouiller dans le gris humide du ciel. Peau à peau, des mouvements disent la douc'heur comme on écrit le bonheur: par petites touches, en étalant la couleur pure, à même la toile de la vie.

Le sable ne s'écoule plus

Il est tombé, le ciel, dans la flaque. Je marche dans le ciel et dans mes souvenirs sur des dessins de craie. La marelle appelle la margelle et ses pièces en or. Opaque silence où du doigt je devine ta question. Je trace des lignes entre nos peaux qu'empruntent nos gestes maladroits. Dans le reflet, l'eau a la couleur de tes yeux et dans le son un goût limite rhumé. Je plonge mes mains dans les galets chauds. Le sable ne s'écoule plus.

Oui, va

L'ombre élaguée rompt le pourquoi de la tige d'herbe. Pliées sous le vent, les hautes herbes dessinent des apostrophes aux mouettes éperdues. Tu sais, je cache encore le temps. L'oubli, ce rien, l'oubli, te dis-je, est passager. Tel un nuage dans ce ciel qui n'en peut plus d'être gris. Et les rires revêches bousculent mes nuits. J'inspire goulûment l'air et retrouve une odeur, un parfum que je croyais perdu. Écrire c'est respirer et j'entends descendre le volet grinçant sur cet ersatz de silence. Les yeux clos, on voit mieux la mer. Elle frappe, elle bat, elle se cogne et se jette à nos pieds. Les effluves taquines remplissent l'espace de leurs murmures parfumés. Il est plus tard que tu ne crois. Oui va, on a la vie devant soi.

Eclore le temps

Eclore le temps et contempler la fleur veinée qui peine à signifier le présent. Envelopper de dires cette gorge enrayée. La voix émiettée ne sait pas vouloir. Détacher des poignées de gris, les frotter, les laver, les mettre à sécher bleues dans le ciel dénudé. Prendre quelques gorgées froides de sommeil. La peau se caramélise et le rayon fugitif éclaire la peur.

Fine est l'écume

Des mensonges viennent au monde quand des secrets se cassent. Éprouvé, le temps épie sa grise mine dans le miroir aux alouettes. Deux fondent à la chaleur des joues et se déversent dessalées en fades pleurs. Les pluies voulues plient nos membres grippés. A la paupière levée, la peau d'hier lavée dessine des rondeurs à la lumière. Par faim de mer, je me dessèche et le sable crie à nos ombres allongées des corps de géants. A Tanger, un décor de geai hante nos sombres gris. Ailleurs est toujours partout dans ce corps rond. La côte serpente infinie et longe le parfum de la mer. Fine est l'écume qui sépare.

"Bleu tendre"

J'ai posé mes lèvres dans le goût de l'aube. Des lambeaux de nuit croisent encore le ciel. Des taches d'encre figurent des nuages. Aux yeux embués de larmes du matin, la lumière a répondu: "bleu tendre". Des saveurs de mûres et des taches de myrtilles parfument le matin qu'une lame rose traverse à l'horizontal. L'or dort. L'aube délicate replie ses bleu et ses voiles et tend le ciel et son horizon à l'aurore. La nuit ne peut plus résister que dans des formes nuagées . Au bras du jour si jeune, l'aurore traîne derrière elle le rose et l'or dans une longue et étroite humidité. Le silence guilleret pépie. Il peine à être cinq heures et demie.

Je le redis

Impression délurée cherche inspiration dénudée. L'ongle nu d'argile accroche des lignes dans le plat du ciel. Monter le mensonge à bout de bras induit le silence sous ta voix. Au cylindre de verre opaque, le noir échevelé trace des ombres gigantesques. Au brouillon de nous, j'arrache l'air et nous bouillons debout. Les mains plissées se détachent sur le ciel qui envahit nos regards. Au milieu des gouttes, dans cette profonde humidité, nul ne sait si c'est eau ou haut. Grâcieuses, les ombelles balancent leurs grands chapeaux. La nuit a raccourci tout ce dont je vis la silhouette onirique. A leurs pieds glacés manquent les talons. Perte de sens. Resenti tronqué. Sur mes lèvres, ma langue a le goût du blanc. Je le redis: je croque des bouchées de nuages dans l'étendue du temps.

Le lointain si lent

Le vent souffle des vagues qui dans nos oreilles vont et viennent. Le soleil décolte le bleu d'un ciel de dentelles. L'arôme est jaune, et rouge, et vert. Pas un instant qui ne donnerait pas la main au suivant. Chaque souffle dilue le temps dans des accents traînants et ronds et ébréchés. La fêlure dans l'espace n'est que fissure et si je passe encore de ce côté des choses, c'est pour entendre chanter mon être dans le lointain si lent.

La joie de vous

L'une et l'autre, vos mains nouées délient vos êtres. Vos coeurs embrassés brillent soyeux et vos sourires valent des soleils certains. A chaque joue, l'aube de vos regards glisse rose. La pulpe des doigts pousse l'haleine du vent dans le cou. Les frissons résonnent dans vos âmes. Vos voix aux senteurs boisées plient les lumières jusque dans nos regards. Et vos rires abandonnent l'instant pour le tant d'aimer. Battons des mains et des cils la joie de vous.

Le ciel à tire d'ailes

Envoilée d'hirondelles dans l'épaisseur blanche et moirée du ciel qui se reflète dans la baie . A la fleur curieuse, un regard est jeté , un regard est saisi, tiré dans le ciel à tire d'ailes . Les oiseaux par deux dessinent le plan d'un bâtiment imaginaire qui voguerait de nuage en nuage jusqu'au bout de l'horizon là où se rejoignent un jour, un temps et un lieu, le ciel et la mer. Les yeux mi-clos, j'entends goutter les cloches de cette chaleur. Toutes les matières transpirent d'une odeur aigre mêlée de miel mais de si peu de douceur. Laissez croître la violette et que les fruits qui sommeillent gorgés de jus et de soleil comblent l'appétit, la fin de mes yeux. Derrière le grille, la femme au chapeau attend, son sac au poignet, sa veste bien fermée: elle sort des années 30 et entre dans le parc.

Soleil noyé

Il mûrissait des silences aux grappes de nos envies. Nos devenirs divulgués divisaient les devoirs. Aux gouttes sur la vitre, je trace des tiges. La tête en vertige, je balbutie et tâtonne. La tranquilité de l'eau donne un reflet vert au soleil noyé de bleu. Arpentées dans tous les sens, mes veines ne contiennent plus que des souvenirs. Pas à pas, des couleurs découvrent leurs voiles.

à C. et M.

A la clarté de vos yeux pousse un sentiment allumé de l'intérieur. Il éclate en sourires et soleils dans vos regards. Vos mains s'enserrent et se délient. Comme un enlacement perpétuel, vos vies vont grandissant à la lueur de vos deux coeurs. Que tous les soleils vous accompagnent et tous les sourires vous accueillent. Que la lumière vous embrasse et qu'elle baigne vos vies.

Et la vie vous va si bien

Le vent postillonne des confettis et la lumière brasse les sons et échos de joie qui dévalent dans nos oreilles et dans nos gorges. Une traînée rose dans le ciel promet une aube sereine et gazouillée . Tissés d'amour les gestes s'arrondissent et ouvrent la voie des coeurs. Chaque peau porte l'écriture en braille d'une vie sensible. Aux accents sincères, les d érives de l'émotion donnent des larmes friponnes . Chaque angle de vue revient vers vous qui, comme deux soleils, faites tourner le monde comme il va. Et vos rayons se croisent dans l'éclat de vos sourires. Et chaque regard rallume les foyers de nos âmes incertaines. Vous brillez, nous brûlons et la vie vous va si bien...

A l'aurore

L'aurore, vêtue de rose, de jaune et de carmin, s'est étirée sous mes yeux. Elle se niche entre deux strates de grises pensées qu'elle éclaire du dedans.

La couture de la langue d'eau

Soulever la peau de l'eau. Glisser dessous la caresse d'un doigt et qu'il s'épanouisse en vagues coroles. Des éclats de miroir dessinent des lentilles de lumière sur mon bras déplié. Je détache les ronds de l'eau et les assemble en un ressort émouvant. La couture de la langue d'eau sur le sable....
Image

Il faudrait peindre cela

A la brûlure de l'eau, sur le bras de sable, un brin d'écume lèche la plaie que la pluie fouette. Mouchettée d'ombres, la plage se fait fine sous le poids des nuages éventés. Les épaisseurs du ciel se superposent et massives écrasent l'horizon d'un jaune mort-né. Toutes les nuances de parme se disputent les strates du ciel. La mer d'un vert colère se plier, se courbe, subit les bleu et les coups par la houle portés. Il faudrait peindre cela.

Mon coeur baille

Tromper les sons et que l'eau tombe drue du canal de lumière formé par les nuages. Le bois du plancher se plaint quand je lui passe sur le corps. Et les bruits chuchotés par le mobilier quand la vie vibre au travers forment une ribambelle de vert que je m'accroche aux oreilles et m'enroule autour du cou. Il a fait jour tôt, je me suis faite dérober de mon sommeil. J'ai partagé ton pain. Temps privant d'espace. Mon cœur baille. Le paravent frivole danse un peu sous la main du vent que je serre pourtant dans les miennes.

Déesse

Des cercles à l'oreille râturent le blanc et percent l'âme. Les ponts des chats tracent de graves accents sur les flots muets. Dans le sous-bois le ruisseau coche deux ou trois notes et se niche entre les cailloux lovés. Les moustaches et les frimousses vibrent dans l'eau claire qui chahute des insectes et chevauche la terre noire. J'ai penché l'oreille pour mieux l'entendre et je découvre ton regard scrutateur qui flotte comme une brindille dans mon sens. Dans ma bouche, les mots font des bruits d'eau et je chuchote le frémissement qui enfile ta peau. Le chat perché dans un silence passe des baîllements aux soupirs prononcés. Et l'eau, imperturbable, coule et chante en claudiquant. Le murmure dissout le sens et le rond du chat qui dessine "déesse" entre nos jambes.

La main de la vie

Quand la vie a passé sa main sur mon visage, elle m'a donné une chaude caresse. Je l'ai crue. Les vitres tachées d'eau démentent leur propre transparence.Je ne vois plus à travers elles, je ne vois plus qu'elles. Au réveil lourd, le plomb d'un rêve inachevé colle mes paupières. La chaleur étale son étouffante affection. Je cherche la tendresse un peu superficielle du vent. Je n'ai pas su attraper la main de la vie.

Tubes de lumière

Tourner la clé du soleil dans ce jeune matin. Dresser les tubes de lumière à la verticale du lit. Tirer les voiles de la pudeur sur la lucarne. La lune en déshabillé déploie sa chevelure rousse. Elle s'éteint , s'efface, le jour a vaincu. Dans les broussailles se chamaillent les moineaux. J'ouvre la porte de cette journée qui se déplie comme une nappe de soie sous les doigts. Je la froisse en serrant le poing. La clé marque ma paume. Ma main en lumière s'ouvre sur les rayons qui l'entourent, la traversent, la transpercent. Je coche les heures qui passent de battements de cils. Et les lueurs m'enferment dans un silence opaque et compact. Les ombres bruissent, un air à peine frais caresse les pores de ma peau. Quand le milieu du ciel est atteint, le jour baille des chaleurs ostensiblement pâles et frêles.

Inter-dits

Dans la fraîcheur d'un soir, délacer les haleines mêlées. Des gouttes de guitares sur les voix avalées glissent lisses. Des filles des champs et de l'eau portent dans leur lit des maux écrasés en étoiles vives. Le crépuscule titube contre la fraîche peau et remonte le chemin du beau. La lumière chute, drue. De ciel, la sueur gorge les eaux. Je tremble monochrome sur la note ténue. Enrayée, j'établis des disques de silence que je découpe en ponts de couleurs. Leurs bruits regardés retardent la tombée du temps. Séparés les ramasseurs de minutes comblent les trous de si lentes paix. Sais nier pour l'être excepté. Le saut du son claque comme un souhait. Personne ne lit le sommeil aux cris du soir. Les murmlures se sentent seuls et grisent l'heure foncée. La toile percée du ciel pleure des clartés. Peau à peu, la fuite accuse les poreuses trouées d'énumérer les inter-dits.

J'attends

S'il est des temps, tu peux en être un ou deux. Mais tu n'es pas le présent. Indiquer que tout passe à l'horloge impassible. Usant les nerfs, il abuse de boue. La pluie taquine me chagrine. Il est tard de nous. L'heure arrivée a sonné rêche quand elle est parvenue. Les liens se distendent et j'ai mal à vous. Dans la moiteur et la moitié du temps, j'attends.