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Affichage des articles du mars, 2010
Comment ça fait d'aimer comme ça
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J'ai cueilli dans les plis des pages manuscrites les bruits de nos vies. Par brassées, je les ai pris pour te les livrer en plein coeur. Tu sens ? Dis, tu sens comme l'odeur de mer qui valse avec le granit rose? Et les goutelettes qui bruinent à nos peaux? Entends-tu seulement l'immobilité du temps dans le va et vient du gris des vagues et des nuages? Sens-tu tourner ta tête quand l'odeur te tord le coeur? Et pleures-tu parfois comme moi les parfums de vanille et de sablés des intersections de nos vies? Je ne glisse pas encore mes jambes entre les draps. Un jour sera ma première fois. J'entends toujours cette solitude aux joues rouges marmonner pour elle-même ses humiliantes confessions. Le ciel est bas, si bas. Il pèse. Tant. C'est la quête de la respiration et j'ouvre mes bronches, ces grands champs d'oxygène, dans la chaleur pâlante. Une brûlure les laboure comme celle qui lècha longtemps mes pieds au bois dormant. Un jour ils se réveilleront, le vert
...et chante...
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Mêle aux dits les boucles de l'infini, les anglaises des bouts de chiffre. Plonge à pleines mains les poignées dans les couleurs et serre les mains et les cafés au tout venant. Bénis la pluie d'être vive et rose comme les grains de lumière qui dardent sur les vitres. Bois jusqu'à plus soif les envols de chaleur et d'émotions. Que les gorgées de bien te soulagent de tes griseurs et fassent germer en toi les brindilles de suvie. Laisse aller le temps le long de toi et ton devenir se déshabiller d'amples entraves. Je n'oublie pas le goût de ta langue quand je la parlais. Mon étrangeté habitait ton coeur, je suis sans taire et argileuse et pleine d'eau. Je fuis entre les doigts de cet ailleurs: que des mains me retiennent, que des coeurs m'habillent. Qu'il pleuve joli et vert sur les branches d'aujourd'hui. Il a plu goulûement sur mon lendemain. La lumière quitte l'hier et chante.
Petite bulle
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L'oeil du temps ouvert sur l'or des passés rassemblés en bouquets détache les pétales de pêche de la fleur du souvenir offert. Petite bulle orange dans le creux de la main poussée d'un souffle de mots jusqu'au fond de l'âme de l'autre. Et je sens cette neige de douceur à ma peau où le marron se décline en rose le temps d'un paysage au vent quand les cheveux bataillent d'amour sur les visages, où les tissus s'enrobent à peine amarrés aux allumettes de nos corps déambulants comme entravés le long du fleuve. Les arbres déclinent les douceurs avec leurs bourgeons, leurs fleurs, leurs frêles branches stoïques. Et je mens, va, au vent mauve...
Fatigue antérieure
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J'ai déployé les foyers du feu. Les flammes froissées font claquer leurs langues sèches sur les bois intérieurs. Assise sur son séant, l'eau voit son visage se décomposer: défaite, dans un soupir, elle frissone des appels. Les troupeaux de ses bras s'enlisent dans un sable déclinant. Elle retient ses éclats et, digne, elle s'allonge. Usée elle renvoie leurs lumières aux flammes et se tait.
Je n'ai rien à dire, le voit-on?
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Aux premiers temps
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J'ai glissé sur ma langue des saveurs de printemps, quelques goûts de fruit qui se chamaillent sur mes papilles. Un voile de chaud s'est déposé sur ma joue droite réveillant une sensation bousculée. J'ai vu fourmiller les rues de jambes voilées et de talons incohérents. Le bruit du temps a pris l'ampleur de mélodies langoureuses, il cascadait grâcieusement au fil des ouïes. Les pas dansaient au bout des personnes aux visages encore clos. Parfois un regard en bouton révelait qu'un sourire allait bientôt fleurir.
Tant - temps
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Lâchez le soleil. J'ai doigt de peau qui répond en chaleur au toucher doux. Plumer le temps et sentir sa chair se figer et friser sous l'air frais. Je lui tends la main. Je ne pends plus ma langue écrite au hasard d'attentes. Je lui tends les bras. Je ne tire plus sur mes cordes vocales pour atteindre l'aigu d'un mot. Je lui tends un mot plié en quatre. Mais le temps ne saisit pas, il est absorbé par le devenir, il reste bloqué sur un infini. Si je pouvais lui ouvrir les yeux et les bras... Il me porterait vers l'avant.
Quelques années éparses
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Poser les couleurs pour qu'elles mentent des paysages. Je neige rouge à ton oreille, n'entends-tu pas? Je grince les lettres dans les doigts, ne vois-tu pas? Il pleure rose aux lèvres de tes yeux, ne sens-tu pas? Je n'ai plus d'âge en stock à peine quelques années éparses et variées que rien n'unifie. Vous prendrez bien quelques pincées d'ironie pour vous ternir le regard?