Atelier du 26 mars: le retour de l'incipit

Lorsque lui arriva cette histoire de pigeon qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, Johnattan Noël avait dépassé la cinquantaine.

Lorsque lui arriva cette histoire de décollement qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, la poupée avait dépassé trois mois.

Lorsque lui arriva cette histoire de chouette qui, du jour au lendemain, bouleversa son existence, la tempête avait dépassé son deuxième jour. Elle avait gonflé les voiles et battu les flancs des bateaux qui tous dans le vent chuchotaient une mélodie qui rappelait cette chanson d'enfant que tu m'avais apprise alors, à l'autre frontière. Bousculés pourtant les oiseaux avaient déserté cette étendue grise et plombée du ciel. Alors la chouette avait un air dépareillé dans ce tableau mouvementé, vivant et pourtant presque sordide. Les pas étaient difficiles à aligner et les ailes ne pouvaient que se replier sur ce bruit plaintif qui menaçait d'occuper tout l'espace. La chouette, oui, perdue dans ce bois de bord de mer avait entonné un cri volent et préventif remplaçant dans une tourmente passagère le geais interloqué. Et ce résonnait comme une contine oubliée qui murmurée à l'oreille du temps contribua à calmer la vigueur et la vivance de cette tempête vexée.
Si bien qu'au troisième matin, elle resta muette et coite. Les mars finirent de s'entrechoquer dans le port. La chouette déconcertée avait mis un point à ce paragraphe tempêtueux dans le récit de la mer bretonne.

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