Le chemin vers la maison de cailloux

 Le chemin vers la maison de cailloux serpente et tourne jusqu’à la porte à la fenêtre de verre. Avec

ses murs couleur meringue, elle se détache à peine dans la neige. Enroulée dans mon plaid aux

couleurs de l’automne, je tiens ma tasse à deux mains et du regard je scrute le pré voisin. La lumière

crue est presque blanche. Quelques brins d’herbe percent la surface froide de leurs têtes. Quelques

notes au saxophone et le tilala de Barbara. Je souffle en chantonnant. Tu n’es pas là, tu viens bientôt.

Un cahier à côté de moi lance des lignes où j’accroche le bleu de mes phrases. Un rai de lumière

dessine un trait sur le sol, je vois de fines pellicules flotter dans le champ lumineux. J’entends le

cliquetis de la clé dans la serrure. Mon regard croise celui du cheval brun. L’air est plein d’odeurs de

cannelle et de vanille, le four vient de s’éteindre. Je sens le chaud baiser de tes froides lèvres sur ma

tempe. Le temps est passé, tu es là, assis près de moi. Je glisse la pointe de mes pieds sous ta cuisse.

Tu me racontes, ton parcours, tes énervements, et l’ambiance se charge d’électricité. Barbara s’est

tue. Son Pierre est arrivé. Le saxophone se lamente encore un peu. Tu me prends la main et je souris.

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