Atelier du 23 avril: rue traversière

Je revenais avec mon bidon de lait de la ferme voisine en titillant de mon bâton la chatte câline qui venait de faire une portée de quatre chatons tous tachés de blanc. Je venais de quitter la rue principale, j'entendais au loin hennir les chevaux du club hyppique. Le crépuscule avait cédé la place à la nuit et je ne distinguais plus que des ombres. J'empruntais la rue traversière quand sous mes yeux une silhouette dépouillée et gracile plia le genouavant de péniblement reprendre son errance d'une façade à une porte traînant dans son paquet de linge une voix geignarde et affamée. La forme se pencha au bord de la rivière et déposa son fardeau que j'entendis engloutir par les flots troublants. J'avais été le seul spectateur et moi aussi j'erais dans la nuit obscure. De ce jour, j'erais longtemps dans toutes les nuits. Et les villes et villages que je parcourais toujours de nuit regorgeaient de silhouettes singulières et de voix qui dans mon sommeil rebondissaient sur ce souvenir qui tel une étoile s'accrochait aux ciels de mes paysages nocturnes intérieurs.

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