Les éclats de terre

Les cheveux emmêlés dans tes doigts, je regarde dans la profondeur de tes yeux. Il est plus tôt que tu ne penses. L'oreille assourdie par le coussin, je vole avec toi. Quelques minutes sur la nuit. 

La journée harassante nous a emmenés jusque dans le ventre des forêts pour y chercher l'ombre et des champignons. Les rayons obliques dans la verticalité des troncs traçaient des tirets diagonaux sur ton visage. La lumière caressait ainsi ta joue avec la tendresse chaude des après-midis de fin d'été. Nous nous perdions entre les hauts arbres anonymes. Le regard et la tête penchés, nous cherchions de l'œil à dénicher ici un cèpe, là un bolet. La tête me tournait à force de ne plus avoir de repère fixe. j'entendais bruisser des pas dans les premières feuilles tombées. Les tiens, tantôt tout proches, tantôt plus éloignés. Le geai avait chanté à notre arrivée, depuis un silence soupçonneux régnait. La respiration sèche de la terre sous le poid des pieds s'élevait en poussière, sa couleur se perdait sous les herbes et les feuilles.
La fatigue des bois me prenait jusqu'au ventre. Dans la splendeur du silence couchant, nos pas nous guidaient jusqu'à l'auto. Qui nous ramena, en traversant le pont sur le fleuve immobile qui déroule ses courbes, jusque chez nous.
Couchés tôt, la fatigue au coin des yeux, nos respirations se répondent et s'alourdissent. Il est plus tard que tu ne penses. L'oreille dans le moelleux de l'oreiller, j'entends l'écho du bruit de la terre et je scrute ses éclats dans tes yeux.

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