Vases communicants de Décembre 2012: Eve de Laudec (1)
Voulais atteindre le vaisseau d’en
haut, cette tortue volante qui fonçait dans l’outre-mer, ailes
fuselées tendues en arrière, enserrant dans ses puissantes
mâchoires un poisson de lune qui ne pouvait ouïr. Elle
pourchassait l’otarie d’acier grimée en nuage pour échapper à
l’œil exercé du reptile.
Voulais tant savoir pourquoi elle
engloutissait les vols au vent.
Alors me suis engagée dans l’océan
pour m’approcher au plus près du ciel. Très vite le sable s’est
dérobé sous mes pas. Ai atteint le dos du rouleau.
Marchant sur sa crête de coq-quillage,
me suis entaillée les plantes de pied.
Pensais y glisser, comme dans une
mousse affable, mais non ! N’étais même pas au sommet de la
vague, qui me narguait dans un remous livide. Ses fines petites dents
de squale, chatoyantes dans l’aigu, se sont plantées dans ma
chair, mille aiguilles fouillant les ouvertures béantes par où
s’engouffrèrent l’eau tourbillon.
Eu froid, très froid, l’ombre de la
tortue allait bientôt me recouvrir. Elle arrivait sur moi. Mais ne
le sus pas.
Devins écume.
Eve de Laudec, 13/11/2012
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