Vases communicants de Décembre 2012: Eve de Laudec (2)

















Les flamants dégorgent lilas au bord du lit dont les linges défaits se répandent en lac, las.

Eyasi

Là, tu étouffes, les lacis de jacinthes liées ont souillé ta lagune, mêlés à la laitance de tilapias lascifs. Et l’eau se perd, aux larmes d’un lamantin égaré, languissant, impuissant, tel le monstre d’une légende à conter.

Eyasi

Quand les limbes du jour descendent des sommets, à l’heure où le ciel en lave étend son lavis lie-de-vin et lèche à grands coups de langue limonite la savane lézardée, s’insinue comme un leurre dans l’ocre des volcans, enterre de sienne brûlée la fournaise, apaise le cinabre et flatte en vermillon, lorsque commencent à vibrer en amalgame les peaux retendues et la mélopée des crapauds buffle,

Alors tu te réveilles

Eyasi

Seuls les lampyres étoilés ou les yeux des léopards éclairent les lapillis rocheux, et loin, très loin, les lueurs du lodge.

Aux confins de l’ouest, les cloches glabres du lazaret lancent leur appel létal.

Les aigles ravisseurs attisent leurs ailes à l’aplomb du cratère pour disputer aux chacals ricanant, en longues lanières, les carcasses de colobe écervelé ou d’impala aventureux que le grand Rugissant a délaissées.

Eyasi

Alors, le crépuscule voile tes lésions et le marabout laisse enfin voyager tes rêves de lune rousse.


Eve de Laudec
14 novembre 2012

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