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Affichage des articles du 2021

Comme une vague

Je suis sortie de mon phare, les yeux humides, grisée et ébouriffée par le vent et avide de briser le cercle qui menait mes pas toujours en rond. Je cherchais à pousser sa porte depuis longtemps. Mes pauvres bras encombrés de mots sous lesquels se cachaient mes maux ne suffisaient pas à pousser cette lourde porte de fer rouge. J’ai cherché des biais pour en sortir. Des fenêtres, des clés, de l’énergie. Parfois je croyais y parvenir. Mais elle retombait sur ses gongs. De toutes ces tentatives, je n’en retiens finalement qu’une, celle qui m’a fait sortir pour de bon. J’ai rempli un dossier de demande de cofinancement de formation. Rien de bien marin… Un acte très administratif qui m’en a coûté beaucoup. Difficile de mettre en mots studieux et froids tous ces soupçons d’envies, ces débuts de révolution… Entourée de bienveillance, chauffée par le soleil de tant d’affection, j’ai tourné la clé dans la porte du phare : j’ai rédigé et déposé le dossier. J’ai pris ce bateau que je voyais de lo

Pendre aux c les cédilles

Pendre aux c les cédilles, c’est donner du sens aux cas désespérés. Tendre ses filles vers le ciel, c’est tirer des larmes au réveil. Il n’est pas plus belle larme que celle tombée pour l’enfance. Habiller de robes les forêts de jambes, c’est couvrir de feuillage les troncs. Nul n’est aussi zen que le zef qui n’a plus la toux ni d’atout. Perdre son tant, c’est gagner son peu. Nul ne bouge la langue sans y bousculer ses sens. Sept sont les sentences qui vont par le feu. Partir c’est fouiller un peu.

Autoportrait

Chaotique, c’est Thétik Chaos, c’est l’os à ronger Qu’a eau, c l’ose arrangé KO, c rose allongé. S-pérante S-Thétik Sinueuse et sirupante, elle ne vise que le sens du Bien Solide et soluble, elle ne frôle que le sens du Bon Surmenée et suspicieuse, elle n’évite que le sens du Beau Hypo Thétik L’eau la lie et la longe Plausible elle fut cible Abstraite elle abrase les faits Syn Thétik Sainte artificielle Teinte d’art t’y ficelle Feinte mare y ridelle Pro Thétik Professe le son pour sens Produit le sens pour son Promène le son pour sang Mer Thétik Mère sans joies Mère cent peines Amère s’en va, s’en vient

Le tu se sait

Puissance du dire quand le tu se sait. Tu crois être su. Mais le tu dans le silence sait, il contient tous les non-dits, tous les loups de sens. Tapi dans les bois, tu veilles aux crocs et aux pas. Lourd de toi-même, tu te plains, plein que tu es de ces silences remplis. Plié sur toi-même, tu redis le dit du tu.

Dévoile-toi

Des voiles ah me sonnent, de leurs cliquetis et cordages, de leurs claquements venteux. Des voiles me harponnent du silence particulier qui espace les bruits de leur vibrance à l’air. Des voiles soufflent sur la présence de ma peau des souvenirs de matière légère. Des voiles plissent des boucles endiablées en couronnes reliées de fleurs et de tempérament. Des voiles passent, à l’horizon, lointaines, lointain. Des voiles jouent de leur rouge terreux passé avec la brise devant la grève blanche. Des voiles… toi…

Que pleure le temps

Glisser du vent entre les mots. Pour que coulissent les phrases. Enchanter les silences entre les sons. Pour qu’ils ravissent les cœurs. Prononcer des rires entre le gris. Pour qu’ils soulignent les contours. Colérer entre les yeux Pour que pleure le temps.

Prononcer des orages

Dans l’ambre projetée, le soleil fuit comme un stylo, orange et vert. L’incidence enflammée ombre les mots d’une dentelle noire. L’eau du ciel prononce des orages pendant que les ruisseaux dénudent les roches de leur pâleur sèche. Le vent à la peau caresse le présent. Instants de lumière quand la peau décrit des cercles de chaleur.

Jusqu'à ce qu'il se taise

Lisser les rires et lire les ires. Passer la main comme ça dans le dos. Oublier le bruit des odeurs à la fraiche. Pliée de sourire, lier au son. Glacer le ton de sucre et le donner. A qui veut. Brûler encore la sueur froide d’un geste. Epuiser le silence jusqu’à ce qu’il se taise. Manger ses mots pour ne pas mourir de fin. Et puis s’en aller comme ça.

Lire les espaces

Dévêtue des vestiges, j’y longe les tiges courbées aux eaux glisseuses sur les roches charnues de l’été. Goulument la vie dévie les instants-maux vécus. Le ruisseau déplie son courant et glisse les galets maladroits sous les pierres qui font chanter l’eau. L’absence échancre l’eau et le temps. Et le soleil échange des maux avec les vagues dénouées des nuages. Plisser le front où se battent encore les rescapés. Cligner un œil sur le temps rempli et lire les espaces entre les maux.

Il pleut

Il pleut. Je sens les gouttelettes qui pointillent ma peau. Il fait doux pourtant. Je sens même derrière les nuages la présence impatiente du soleil. (…) Je sors d’une torpeur, d’un sommeil dont je ne sais s’il a duré. Mes paupières collent un peu. A côté de moi, un regard bleu océan sous des boucles blondes. Sa main est chaude dans la mienne. Un masque lui voile le visage, ce doit être une infirmière. Je lui souris. Je me demande où je suis. (…) Je suis allongé contre un tronc d’arbre. J’ouvre un œil, le soleil pointe son nez. L’air est doux. Je tends la main pour me saisir de mon bâton et me remettre en marche. Il n’y a rien. Je me lève et regarde autour de moi. Un chemin s’ouvre, sur la gauche, je l’emprunte et me réjouis de cette ballade. Et de rentrer chez moi. J’arrive devant une maison de rondins précédée d’un jardin. J’ouvre la porte et entre. Une femme à l’intérieur me sourit. Comment s’appelle-t-elle ? Mareike, oui, cela me revient. Elle dit qu’elle est ma femme. Cela… m

Variations: Des première fois

Variations 1 L’oiseau rouge pousse un cri saignant comme sa couleur. Qui déchire le silence velouté du ciel. Sous la branche, j’accueille la douceur des premiers pétales sur mon visage rosi. Le soleil a brillé si fort en ce printemps fait jour. Dans le creux de la main, que je passe légère au sommet des brins d’herbe, il y a la fraicheur humide et douce. Allongée sur un drap blanc épais, je fixe le bleu entre les fleurs. Ces heures de fin d’après-midi en Bavière me reviennent comme chargées d’un parfum frais et vivifiant. Partir est une vanité. L’oiseau rouge vient clencher cette porte blanche des réminiscences. Je ne me souviens plus de ce que nous buvions ou mangions mais tout était délicat et frais et vif dans la bouche et me laisse une tendreté au cœur. Frêle, oui frêle, je sens le frisson prendre goulument possession de ma peau pendant que les yeux perdus dans le fond du ciel je vois des rondeurs laiteuses traverser le ciel. L’oiseau rouge, un brin d’herbe dans le bec, vole à gra

Paysages intérieurs

Du bout d’île, je me nourris intimement de ce que je vois et entends et sens. Les pépiements quand les espaces de lumière deviennent couleurs. Le rose qui nimbe après le bleu l’immensité des chants. Je regarde les sourires dessinés par l’écume sur le sable blanc. Comme des points ailés, les oiseaux flottent à la surface de la mer écrivant une symphonie muette que seule l’âme sait entendre par les yeux et entre le flux des vagues. J’entends les cris lâchés par un cormoran dans le creux du ciel. Comme des gouttes, les sourires de l’écume glissent des sons au fond de l’oreille que seule l’âme sait recueillir. Il est des beautés licencieuses et des beaux T silencieux. J’allume de ma langue les sons qui murmurés à l’Homme luisent comme des vers. J’éteins les paupières de ma plume qui décrit en crissant des paysages antérieurs. L’hirondelle, accent circonflexe renversé, libère les êtres de leurs automne et hiver. La porte qui se ferme laisse la clenche blanche rejoindre son horizontalit

Tôt l'eau

Tôt l’eau lie tiges et vent est vé-tuste. Le soleil lit son lieu. Aux méandres, on mé-entre. A l’aube des yeux, on luit des cieux.

La chaise est de travers

La chaise est de travers, en biais par rapport à la fontaine. Elle a une assise profonde et des accoudoirs. On la trouve à Paris, toujours dans ses parcs et jardins. Celle que je pousse un peu pour la remettre en face de la fontaine et de sa bruine bienvenue se situe dans les jardins du Palais Royal. Il est midi, j’ai rendez-vous là avec mon frère. Il apportera des sandwichs au Comté et au San Daniele et du faux jus d’abricot dans une bouteille d’eau. En passant par l’entrée latérale, je suis tombée sur des bleus de Chine qui dessinent dans l’air et de leurs corps de fines arabesques. Cette chorégraphie matinale soulève mon cœur d’une légèreté que la pratique du Tai Chi m’a permis de conforter. Il fait maussade et je suis d’une humeur grise. Entre les colonnes de Buren, je regarde si je le vois, l’homme. Quel homme ? Et bien vous devez déjà l’avoir vu, dans son pardessus, il se déplace les bras en croix recouverts de moineaux et mésanges qui volettent jusqu’au bout de ses doigts

Je ferme les yeux parfois. Et je m'évade

Je ferme les yeux parfois. Et je m’évade. Je vois des paysages imaginaires mais je les visite brièvement. C’en est fini de ces grandes épopées. Quand je traversais les heures sombres de mon imaginaire en fabriquant de toutes pièces des rêves multiples et complexes. Ou pas. Au début, je m’en souvenais bien de mes rêves. Je me rappelais surtout les heures volées à la guerre où je rêvais de toi, Mareike, de tes yeux clairs et de ton sourire gracile. Tu étais ma respiration, mon repos. Je t’ai retrouvée après la Grande Guerre et des mois de convalescence. Je n’étais plus le bel homme fringant que tu avais connu. Mais tu m’as retrouvé, reconnu, malgré mes différences. Depuis nos retrouvailles, tu t’es habituée à ma gueule cassée, tu retrouves dans mes yeux, dis-tu, l’essence, l’âme de l’homme que je suis devenu. Je ne comprends toujours pas comment tu parviens à me regarder, à me scruter même. Moi quand je me croise dans un miroir, je prends peur. Je ne me connais pas. Je ne me trouve p

Ferme les yeux

Ferme les yeux. Là, voilà. Installe-toi bien, enfonce-toi bien dans le moelleux de ton canapé ou appuie-toi sur le dossier de ton siège. Sens comme tes membres sont lourds. Ta tête est lourde, ta nuque, tes épaules… puis tes bras et tes mains pèsent car tu te relâches. Tu sens ? Tout ton corps se détend et s’abandonne. C’est dans cet état second-là que j’ai fait connaissance avec le phare qui m’a adoptée. Vous allez dire que je manque d’originalité. Un phare, comme par hasard. A l’origine de ma démarche, il y a la douleur. La douleur physique, celle de l’endométriose, et celle mentale qui m’a disloquée. (la perte de mon p’tit bout). Je ne savais pas comment gérer toute cette souffrance. Je m’y abandonnais vaincue. Combien d’années rouée de coups, j’ai tenté de rouler ma bosse. Et ce visage de façade qu’il fallait tenir au monde, aux gens, à la société. C’est le monde du travail qui m’a tenu la tête hors de l’eau même si nourrie de principes souvent ridicules ou inappropriés. J’ai

Et mon imaginaire

Traverser la frontière, sortir de mon bout de terre. Passer la porte, quitter le cercle de mes murs. M’aventurer sur Märket, rejoindre des vivants. Je me présente, je m’appelle Thomas Tick, mais on m’appelle O’Thomas Tick. Personne ne me connait. Je suis le gardien du phare. Le phare O’Thomas-tisé. Ne me demandez pas d’où je viens, avant 1981 le phare est construit en Finlande mais en réalité côté suédois, ce qui fait de moi un fin-doigt puisque je suis né en 1980. Moi j’habite la roche de l’île et le phare. Mon métier c’est d’éclairer et de tourner régulièrement pour diriger les bateaux qui s’approcheraient trop de mon île. Je suis vraiment moteur dans cette aventure. C’est moi qui impulse le mouvement giratoire de la lumière du phare. De là, j’ai une belle vue sur la mer Baltique qui tient son nom de son air pincé et franc-tireur. La mer Baltique est un sacré personnage. Je veux vous la présenter. Grise l’hiver, elle émousse ses vagues d’écume blanche quand le vent vient la défriser

Je fonce mon nuage sur ma tête

Je fonce mon nuage sur ma tête, et je file un bon lin vers l’abri bu. Tu me filatures d’un murmure à l’autre. Le silence ceintré te gorge de videsse sonore. Dans mon perméable vert, dont je remonte le col de cygne, je me vraifile sur une banquette qui embroche déjà une mauvaise sœur. Dans le rétro-écouteur, ton souffle arrive, à bout. Le slalom riquiqui entamé par l’engin est achevé à cheval sur une rang-barde. Une marionnette de policier avale son sifflet quand entonne l’orage son la auriculaire. Les passagers du tout sortent en file de la carcasse : et ça barde dans les rangs. Un éclair saveur vanille déchire le ciel et des gouttes montent des nuages portés par des cheveux encore secs. Engoncé dans ton rôle, tu chuchotes aux gens d’Arles des post-jugés sur ma pomme acide. Ils me croquent sur un coin de feuille. Dévorée de rage, je romps la cadence des files en rouge pot. Lavée de toute sincérité, je m’émeus et plie en quatre vents mes remords. Je déboutone mon pardessous et l’élève

Lune Je me souviens

Je me souviens, je suis encore jeune, une petite trentaine fêlée quelques jours avant le grand départ. Je pars assez content de moi, fier de faire partie de l’aventure. J’ai oublié les ultimes journées sur terre : elles sont consacrées à nous préparer, menteusement et physiquement. A peine s’il me revient des images d’entraînement verbeux et d’exercices en pois de senteur. Je sais que le départ va être fulgurant et que c’est sans doute au moment du lancer de la fusée que nous serons le plus en danger. Je suis comme détaché. A part mes parents, je n’ai pas d’attache ici-bas qui me retienne. Le célibat me va. Je me réveille longtemps après le décollage. A croire que cette fusion qui décide de l’envol est muette pour moi. J’ouvre les yeux sur mes collègues qui, déjà ou encore réveillés, planent autour de moi. Je défais ma ceinture qui me colle contre ma couche. Ce flottement qui s’empare de moi est grisant et crissant de miettes de plaisir. J’oublie la terre et ses attractions. A nous la

Trois fois dit

Silence embué dans le regard flouté et brumeux. L’île aux silos si lents… lance aux cieux des si Je ne gêne ni ne nie les jours gi. Il y a des instances dans l’épais du ciel qui tracent les t des moments élus. Lue, je t’élis électeur et cogne les l des titres tendus par les nuages. De la buée silencieuse envahit le regard presbyte et ému. Une île jalonnée de silos immobiles les tend vers le ciel sans l’eau. Personne n’embête ou nie les jours J allongés. Des dieux depuis la profondeur du ciel écrivent des c et des t selon le temps. Devinée, je te choisis et cogne les banderoles de titres tendues entre les nuages. Derrière mes lunettes, je suis envahie par la buée sur mes verres et les larmes au coin des yeux. Des silos sans o sont tendus vers le ciel tout au long de l’île. Les jours s’allongent et se couchent sans être dérangés. Tu me devines et me choisis ton élue alors que je blesse les ailes des phrases dans le ciel.

Carrés sonores dans les tympans froissés

Maculé de blanc, le bleu moins vif, le ciel ne la ramène pas. L’éclat des jours d’hiver au froid sec est terni par l’absence de soleil. Trois cheminées échangent des signaux qui s’évaporent bien tôt. Le soleil voilé dessine un rectangle de blanc presque jaune scintillant sur la poisseuse façade que trois fenêtres échancrent. Quelques sons sifflés dessinent comme des carrés sonores dans mes tympans froissés. Et les sourdes voix franchissent les parois comme lorsque l’enfant s’endort contre le sein dans une fin de soirée animée. Je ne lis nul élu dans les lignes de la main. Mille harmonies amenuisent l’île du silence. Sentir au creux de soi comme le rongement d’un silence qui ne veut plus se taire. Terré dans l’abondance de remous et réflexions, il se faufile et s’enfile dans les couloirs de mon esprit. Je ne souhaite plus savoir où est la source. Elle se défile et me défie : comme le soleil dans cet éclat orange de ton œil.